Ce billet est dédicacé à toutes les mères qui travaillent, à toutes celles qui ont été rabaissées parce qu’elles avaient des enfants. Vous avez de la valeur, nous sommes FORTES !
Lorsque j’ai pris mon congé de maternité, j’avais un emploi. Quelques semaines après l’accouchement, et après une crise d’angoisse due au fait que je devais reprendre un boulot que j’aimais, mais dont l’environnement de travail n’a cessé de ce dégrader, malgré plusieurs discussions pour empêcher cela, j’ai envoyé ma démission et me suis retrouvée du jour au lendemain sans emploi.
Et maintenant ? Je ne suis pas dans mon « meilleur jour ». Je dois m’occuper d’un nouveau bébé plus longtemps que prévu, je manque de sommeil, je ne peux toujours pas rentrer dans mes jolis vêtements. Et je n’ai pas de travail.
Je savais que mon CV et mes qualifications étaient solides, et on m’a dit toujours dit que je bossais bien, alors je me suis lancée en quête d’un nouvel emploi. Rédaction de lettres de motivation sur mesure, vérifiées 30 fois pour éviter les fautes de frappe.
J’avais déjà entendu parler de femmes qui trouvaient plus difficile de trouver un emploi après avoir eu un enfant, mais comme je n’avais jamais été concernée, je n’y pensais pas plus que ça, retrouver du travail ne serait qu’une formalité…
Au début de ma recherche d’emploi, je suis tombée sur une offre d’emploi qui aurait pu être rédigée à partir de mon curriculum vitae. Je répondais à toutes les qualifications et j’étais (sur le papier) la personne idéale. J’ai envoyé par mail mon CV à la boite, et dans les cinq minutes, j’ai reçu un appel téléphonique en réponse.
Les premiers mots qui sont sortis de la bouche de Patrick ont été : « Je n’arrive pas à y croire. Nous avons reçu votre CV et il semble que nous ayons rédigé cette offre d’emploi pour vous ! » Il était enthousiaste. Nous avons discuté pendant environ trente minutes. Il était impressionné par mon expérience, mes compétences, mon comportement général et ma personnalité. Il a dit qu’il pensait que je serais parfaitement adapté à leur environnement – exactement ce qu’ils recherchaient ! Nous avons parlé de salaire et d’emplacement…. Et puis, la conversation a changé.
« Alors, vous avez des enfants ? ».
J’ai bégayé. Mon bébé avait à peine trois mois à l’époque, si ce n’est plus. « Oui, j’en ai. » Et puis j’ai brouillé les pistes et j’ai ajouté rapidement – « Mais nous avons une garderie très fiable ! Ma mère la gardera donc il n’y a pas d’heures spécifiques auxquelles je devrais partir et il a toujours été prévu que je travaille ».
« Euh … votre bébé est jeune ! Ça doit être dur de devoir retourner au travail. »
Moi : « Oui, mais je suis une travailleuse ! Mon enfant n’entravera pas ma vie professionnelle ».
La conversation s’est rapidement arrêtée là : « Ok, pour être honnête, nous avons beaucoup de candidats très qualifiés, certains même plus qualifiés que vous, donc je vais devoir parler à mon N+1 et vous rappeler demain. »
Je n’ai jamais été rappelé.
Bien sûr, vous pourriez dire, « Peut-être qu’il y avait vraiment des candidats plus qualifiés ! » Certainement, c’est une possibilité. Mais, soyons réalistes ici pour une seconde. Nous savons tous exactement ce qui s’est passé. Je le sais. Vous le savez. Patrick le sait.
Vous savez ce qui me semble fou ? Cette idée qu’en tant que mères, nous sommes moins fiables pour une entreprise. Que nous sommes des employées de moindre valeur. Enfin, en tant que femme, vous vous dites peut-être que c’est déjà le cas, on a toujours été mis marge vis à vis de nos collègues masculins, mais je ne pensais pas que ça pouvais être pire … et bien si ! Et je débarque un peu, pour tout vous avouer, puisque qu’après en avoir parlé avec plusieurs amies, j’ai été stupéfaite, toutes, TOUTES, alors qu’elles approchaient de la trentaines ont, lors d’entretiens d’embauche, été questionnées sur leurs maternités. C’est pourtant interdit, et je pensais que ces actes étaient marginaux…
Nous avons de fantastiques compétences en matière de debrouille et de relations interpersonnelles. Je veux dire, nous nous levons au milieu de la nuit avec nos enfants – souvent plusieurs fois. Nous les nourrissons, les apaisons, les soignons. Nous savons quoi dire à nos enfants. Nous savons comment calmer leurs larmes. Nous arrangeons tout et préparons la prochaine crise. Et nous le faisons encore, et encore, et encore. Qui ne voudrait pas avoir cet atout chez un employé ?
Nous sommes les reines du multitâche.
Nous pouvons tenir le bébé d’un bras, tout en l’allaitant, tout en répondant à des courriels de travail, tout en coupant des carottes, tout en continuant à être des dures à cuire, tout en chantonnant pour calmer le petit monstre.
Nous savons aussi comment établir des priorités.
Avez-vous vu tout ce que nous pouvons faire le week-end dans une bulle de 45 minutes à deux heures pendant que nos enfants font la sieste ? Non seulement nous nous sommes levées quatre fois au milieu de la nuit, mais nous avons préparé le petit-déjeuner, lu des livres, joué à des jeux, couché le bébé pour une sieste, puis fait deux lessives, la vaisselle, la liste du marché et rangé les jouets. Honnêtement, pouvez-vous imaginer ce que nous pouvons faire pour vous avec huit heures de temps, sans être interrompues par les besoins du bébé !
On ne se fait pas porter pâle pour des bêtises insignifiantes.
Vous n’aurez pas d’appel de dernière minute parce que nous avons la gueule de bois. Notre temps libre est TRÈS précieux et nous le gardons précieusement. Il est utilisé pour des moments planifiés en famille ou pour des visites chez le médecin de bébé et des urgences. Nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas nous présenter ou d’arriver en retard.
Alors ?
Donc, pour les mères qui travaillent, COURAGE !
À nos employeurs potentiels : nous ne sommes pas moins valables parce que nous sommes des mères. Nous sommes plus valables. Merci de votre considération.